Par BZ À la veille de la rentrée des classes l’Associations des Fils et Amis de Marbial (AFAM) redouble d’effort pour trouver des fonds pour financer la scolarité des enfants directement impliqués dans le reboisement de ce vaste quartier de cinq sections communales de Jacmel, à travers le vaste programme de Jardin Scolaire qu’expérimente depuis 2012 l’ AFAM.
Marbial est l’une des zones de l’arrondissement de Jacmel qui est dépourvue de tout. Constituée essentiellement d’eau et de montagnes, son déboisement systématique engendre la dégradation de l’environnement et une érosion qui handicape son agriculture, principale activité économique de sa population. Les conséquences de la dégradation de l’environnement et du déboisement Quatre-vingt mille personnes environ vivent au grand quartier de Marbial, l’une de ses habitations, Malanga est mitoyenne à Berli, habitation de Rivière-Froide, section communale de Carrefour. Son déboisement et la dégradation de son environnement entrainent la disparition de ses surfaces cultivables, le découragement des agriculteurs, l’ exode de ces derniers vers les centres urbains, le tarissement des sources et des inondations meurtrières à chaque pluie. L’Association des Fils et Amis de Marbial (AFAM) se lance dans une lutte pour réhabiliter l’environnement de Marbial tout en réparant en partie les dommages causées sur la vie dans ce quartier, par sa degradation. ‘’…effectivement, nous, à AFAM, tenons à réhabiliter l’environnement dégradé et restaurer la biodiversité en introduisant l’arbre dans les périmètres de production pour une relance substantielle et durable de l’agriculture et de l’économie…’’, a expliqué Jacques Obnel Lafortune, l’un des dirigeants de cette association. Le jardin scolaire, un modèle à suivre pour reboiser Haiti ‘’…beaucoup d’acteurs essaient de faire du reboisement à travers le pays, cependant, leurs actions se limitent malheureusement à la plantation des plantules. Celles-ci sont abandonnées immédiatement après. Quelques mois après leur mise en terre, les plantules meurent, soit par manque d’eau, soit elles sont mangées par des animaux. Pour assurer une longue vie à ses plantules, l’AFAM responsabilise des élèves et fait en sorte que ces derniers aient l’appui de leur parent.’’, a commenté le secrétaire général de l’AFAM Lafortune Jacques Obnel. Effectivement, pour reboiser leur quartier, AFAM initie le Jardin Scolaire comme outil. Celui-là consiste à utiliser, engager des élèves dans la plantation et la gestion de 200 à 2000 plantules plantées dans des parcelles de terre dans les zones dénudées des mornes de Marbial. Ces plantules sont produites dans les 28 pépinières que possède AFAM à Marbial. ‘’… Vous voyez ces gens qui font de la transplantation et remplissent les sachets? Ils sont engagés et payés par l’AFAM. Nous leur devons plusieurs mois de salaire et pourtant ils viennent ici tous les jours, motivés sans doute par la noblesse de leur tâche…’’, a expliqué M. Lafortune. Pendant qu’une équipe de l’AFAM s’occupe des pépinières, une autre sensibilise les élèves sur l’importance des arbres dans l’environnement, l’économie et la société. Les élèves et leurs parents sont aussi formés sur la plantation et la gestion d’une plantule. La livraison des plantules et les suivis Les pépinières de l’AFAM sont éparpillées à travers les cinq sections communales de ce quartier. Les élèves et leurs parents reçoivent les plantules qu’ils vont adopter dans la pépinière la plus proche de leur résidence. Après les élèves signent en présence de leurs parents, d’un représentant de la direction de leur école, un contrat d’engagement, dans lequel les élèves promettent de transplanter et de prendre soin des plantules reçues, et l’’AFAM, elle s’engage à primer ceux ou celles qui réussissent les meilleurs parcelles. L’article 4 du contrat divise les élèves en deux groupes. Le premier est constitué d’élèves de 3 ème à 6ème année fondamentale et le second groupe, les élèves du 7ème au 9ème année fondamentale. Les élèves du premier groupe qui arrivent à mener à maturité la totalité des plantules reçues, ont leur scolarité payée à 100% par l’AFAM, si par contre un élève réussit à sauver entre 90 à 99% , il a une bourse de 50%. Pour le second groupe, les élèves qui réussissent 100% des plantules reçoivent de l’AFAM 50% de leur frais scolaire. ‘’…pour les jardins d’au moins deux mille plantules réussis l’élève reçoit un laptop. Pour ceux d’au moins 1500 plantules l’élève-jardinier a une bourse, etc. Pourquoi des élèves? Selon les dirigeants de l’AFAM, ils choisissent les élèves pour reboiser Marbial pour plusieurs raisons : Revaloriser le monde rural, faire d’une pierre deux coups, reboiser Marbial en facilitant la scolarisation de plus d’enfants, et assurer la pérennité de leurs actions. Trois catégories d’espèces sont aussi priorisées : a) les arbres forestiers (cèdre, chêne, mélina, eucalyptus) destinée à améliorer la couverture végétale. b) les arbres fruitiers (manguier, avocatier, pomme d’acajou, citrus, cacaoyer) pour améliorer la situation économique des paysans. c) les légumineuses. Actuellement l’AFAM arrive à sauver 500 parcelles d’au moins 200 plantules et 17 parcelles d’au moins 1000 plantules. Elles sont toutes dans des zones dénudées depuis des années. La noblesse des travaux de l’AFAM fait que de nos jours plus d’une dizaines d’autres écoles de la région de Marbial intégrer le programme jardin scolaire de l’AFAM. Notons que les fonds de fonctionnement de l’AFAM proviennent des dons de ses membres, du parrainage. Fondée le 30 Avril 2008, l’AFAM vise le développement intégral de la communauté des cinq sections communales du quartier de Marbial. Elle a pour devise : S’unir pour servir.