Lorsqu’il ne reste quasiment plus rien de la souveraineté nationale, notre bicolore est en berne continuellement et perd son sens. 18 mai 1803-18 mai 2012 : déjà 209 ans depuis que nait le drapeau haïtien lors du congrès de l’Arcahaie. Le bico
La naissance du premier étendard haïtien symbolisa l’union sacrée des Noirs et des Mulâtres dans la lutte pour libérer le pays du joug de l’esclavage et de la colonisation. Dessalines, le principal chef de la résurrection, y fit inscrire la devise « Liberté ou la Mort » qui traduisait leur état d’âme. Une union qui n’a pas duré si longtemps malheureusement au lendemain de l’indépendance de la première République noire du monde, le 1er janvier 1804. Sans vouloir entrer dans les détails de l’histoire du drapeau, signalons juste qu’après le drame du Pont Rouge en 1806, Pétion a adopté à son tour : « l’union fait la force. » Dans l’âme haïtienne, le drapeau n’est pas une simple étoffe attachée à une hampe, portant les couleurs bleue et rouge et servant d’emblème de la nation mais il est considéré comme étant le symbole de fierté et du sang précieux de nos ancêtres, le fruit de leurs sacrifices hors du commun… D’autant plus qu’il est un symbole important porteur des besoins essentiels de l’homme comme le prouve la pyramide de Maslow. Pour le Drapeau, pour la Patrie, mourir est beau, mourir est beau… Il fut un temps où mourir pour le Drapeau, pour la Patrie était beau. Ces paroles de notre hymne national, la Dessalinienne, n’étaient pas un vœu pieux mais peut-être elles le sont de nos jours car on entend tellement de mauvaises choses d’Haïti qui ne fouettent pas notre orgueil, semble-t-il. Les journalistes occidentaux n’oublient jamais notre nouvelle signature : « Haïti, le plus pauvre de l’Amérique », en omettant bon gré de rappeler tout au moins que cette République est aussi la première République noire du pays, la perle des Antilles dans le temps ; celle qui a rappelé à la face du monde que la race noire est une race à part entière, en déclenchant la lutte contre l’éradication du plus grand crime de l’humanité que représente « l’esclavage des noirs ». Aujourd’hui, quel est le sens de notre bicolore au moment où nous sommes plus que jamais divisés ? N’est-il pas en berne de manière continue quand notre souveraineté est réduite considérablement ? Une souveraineté qui meurt à petit feu lorsque notre budget national dépend à environ 2/3 de l’aide internationale, notre sécurité est à la merci de l’étranger, notre déficit commercial est à -3 341 114 069 (données 2011)… La souveraineté nationale appartient à la nation. Quand elle est menacée, c’est l’existence même de la nation qui est en jeu. Jean-Marie Le Pen, l’ancien leader du Front National en France, ne dirait pas le contraire. Lors d’un meeting à Toulouse , le 25 Mars 2007, il a déclaré qu’: « un peuple sans souveraineté est non seulement un peuple privé de liberté, mais un peuple menacé dans son existence » ! Loin de partager l’intégralité de sa vision des choses, reconnaissons toutefois la justesse de cette déclaration. Chers compatriotes, c’est le temps du sursaut et du réveil national ! Haïti doit raviver sa fierté jadis. Laissons derrière nous la logique qui veut croire qu’Haïti est foutue et elle continue de payer sa dette de l’indépendance ou encore de porter ce lourd fardeau pour avoir osé d’attaquer la base de tout un système horrible ! Sources : Thomas MADIOU, Histoire d’Haïti, rééd. Henri Deschamps, t. 3, Port-au-Prince, 1989 ; HOEFER, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours ( .. ), Paris, Firmin Didot Frères, 1855, t. XIII, pp. 909-910 ; Cf. Edgar LA SELVE, « La République d’Haïti, ancienne partie française de Saint-Domingue », p. 202 ; Ertha PASCAL TROUILLOT, Encyclopédie biographique d’Haïti, p. 308. J.C.Dorsainvil, Histoire d’Haïti.