Le président du Sénat, Kély Bastien, a souhaité lundi le rappel de lambassadeur dHaïti en République Dominicaine, Fritz Cinéas, en protestation contre le lynchage, dans une ambiance festive, dun compatriote samedi dernier à Santo Domingo, un événement qui soulève lindignation et la colère dans différents secteurs.
Condamnant énergiquement ce crime barbare, à linstar de plusieurs de ses collègues, le parlementaire a estimé que face à la gravité de lacte, la réaction du gouvernement devait être ferme. Elle doit aller au-delà des notes de protestation suivant généralement les atrocités dont sont victimes des ressortissants haïtiens en territoire voisin, a dit le Sénateur Bastien en déplorant la passivité de lExécutif sur un dossier aussi urgent.
« Tant et aussi longtemps que les autorités resteront indifférentes vis-à-vis des actes inacceptables dont sont victimes les haïtiens de la part des dominicains, nous devrons nous attendre à plus de massacres, dassassinats et dhumiliations », a laissé entendre le président du Sénat.
Plus loin, il a indiqué que le minimum pour le gouvernement aujourdhui est délever des protestations officielles à la face de lopinion publique nationale et internationale. Une façon de rompre avec les « situations indécentes » où des gouvernements étrangers sont plus enclins quHaïti à dénoncer les graves violations des droits de nos compatriotes en république voisine.
Au final, Kély Bastien appelle le Président René Préval à user de ses relations personnelles avec son homologue dominicain, Leonel Fernàndez, en vue de restaurer le principe de la dignité des ressortissants haïtiens, de quelque niveau social quils soient, de lautre côté de la frontière.
Autre réaction au Sénat, celle de Youri Latortue. Le président de la commission justice et sécurité de la Chambre haute, également dirigeant dAyiti Ann Aksyon (AAA), est favorable au rappel à Port-au-Prince de lambassadeur Cinéas pour des consultations appropriées sur lodieux assassinat de Santo Domingo.
Soupçonnant une collusion entre les forces de lordre et la bande de criminels ayant mis à mort lhaïtien, en plein jour, sur une place publique où des spectateurs se délectaient, le Sénateur Latortue trouve impensable que la police dominicaine, si prompte à intervenir, ne soit pas arrivée sur le théâtre de lévénement plus dune heure après le meurtre.
Le parlementaire juge incontournable une ferme condamnation haïtienne afin que les dominicains sachent que personne nest prêt à accepter lexistence, en République Dominicaine, dun « Etat délinquant ».
Même ton à la Chambre basse où plusieurs élus nont pas caché leur indignation. Le Député Pierre Jérôme Valciné (Cabaret, Ouest), président de la commission des droits humains, dénonce les pratiques de lEtat dominicain consistant à violer les droits des haïtiens présents sur son territoire, dont le droit à la vie. La communauté internationale devrait placer le pays voisin sur la liste noire des Etats impliqués dans la violation systématique des droits les plus élémentaires, a déclaré le Député Valciné.
Les Députés Patrick Domond (Jacmel, Sud-Est) et Joseph Nelson Pierre-Louis (Port-Salut, Sud) ont aussi exprimé leurs préoccupations et leur désir de voir lExécutif se mettre à la hauteur de ses responsabilités. Le premier exhorte les expatriés établis en terre dominicaine à revenir au pays tandis que le second exige que justice soit accordée à lhaïtien massacré.
Ce véritable martyr accusé à tort davoir exécuté son patron dominicain, a été décapité à coups de hache sous les vivats dune foule dans laquelle se trouvaient de jeunes dominicains qui navaient pas hésité à immortaliser ce spectacle dhorreur à laide de la caméra de leurs portables.
Le ministre haïtien des affaires étrangères, Alrich Nicolas, a énergiquement condamné ce lynchage qui, selon lui, a plongé la République Dominicaine dans une « barbarie indigne des valeurs humaines ».
De nombreux haïtiens sont régulièrement victimes dincidents meurtriers ou sanglants en territoire voisin où ils sont des centaines de milliers chassés de leur pays par linsécurité économique et le chômage de masse.