Ce 14 Mai fait exactement un an depuis que le président est arrivé au timon des affaires de lEtat. Élu au second tour de la présidentielle de 2011, le chanteur-candidat a promis au peuple haïtien le changement tout en critiquant la classe politique haïtienne principalement le régime du président René Garcia Préval pour navoir pas pris en considération les désidératas du peuple haïtien. Quattend « lhaïtien citoyen » du locataire du palais national ? que pense-t-il de la première année du quinquennat du président Martelly ? Le président, est-il sous la bonne voie ?
Le citoyen nest pas seulement celui qui vote mais celui qui surveille ou contrôle son vote. Cest un principe démocratique ! Un an après, on pourrait dire que le chef de lEtat est animé dune certaine volonté politique pour diriger le pays. Il a beaucoup voyagé, il a rencontré de nombreux chefs détats, dinvestisseurs internationaux dans lobjectif de trouver des opportunités pour la République. Ses collaborateurs ont tant bien que mal fait des tentatives pour pouvoir atterrir les cinq « E » constituant les axes prioritaires du premier mandataire de la nation.
Les cinq « E » sont importants mais rien nest plus important quun dialogue franc et sincère entre nous autres haïtiens sur lavenir de notre « singulier Petit pays », petit par sa superficie mais profond par son histoire. Sans ce dialogue, les cinq « E » nauront aucun fondement sinon nous enfoncer dans la division toujours dans la logique de la politique clanique «ti zanmi». Conduire les destinées de la nation haïtienne exige présentement un grand débat didées à travers toute la République; dans les milieux universitaires, les associations de jeunes, à travers tous les secteurs de la vie nationale ensemble sur notre retard en tant que peuple. Cest la première chose sur laquelle léquipe en place devrait insister pour initier un changement à long terme dans ce pays.
Les douze premiers mois du chef de létat ont été trop bouleversés pour quon espère quun changement réel puisse être initié dans le pays durant son quinquennat. Lun des éléments de blocage du président Martelly serait le président lui-même. Son comportement vis-à-vis de certains secteurs ou de son entourage (la presse, le pouvoir législatif, le chef du gouvernement
) lexplique clairement.
Deuxièmement, il nétait pas issu dune organisation politique solide ayant un projet de société partagé par les différents membres du parti. Ce qui lui faciliterait une culture de tolérance et de dialogue en tant que premier mandataire de la nation. Autrement dit Monsieur Michel Joseph Martelly est en panne de projet. Le dialogue doit être le fondement du nouveau projet pour le renouveau dHaïti. Cette panne est une constante dans la vie politique en Haïti depuis la chute du régime dictatorial des Duvalier. Les différents gouvernements qui se sont succédé au pouvoir de 1986 à nos jours nont pas pu constituer un état stable et fort, capable de protéger les valeurs républicaines, ou fortifier lunité nationale comme nous lisons dans le préambule de la constitution du 29 mars 1987. Le changement de système prôné par le président Martelly reste un vu pieux car il a trop souvent répété lancien système quil dénonçait dur comme le fer.
Aucun changement nest possible sans un grand rassemblement du peuple haïtien autour dune vision commune afin de donner une orientation à la nation haïtienne. Faire comprendre à tous les secteurs de la vie nationale la nécessité dinaugurer une nouvelle ère de vivre ensemble. Telle devrait être lambition du président de la République au cours de la première année de son mandat. Ce qui lui permettra justement de comprendre les aléas politiques autrement. Les différents dossiers soulevés durant cette première année de son quinquennat (la remobilisation de larmée, lépineuse question de la plurinationalité, le financement occulte de certains candidats à la présidence dont le président, larrestation arbitraire du député Arnel Belizaire
) ne pourraient-ils pas être abordés avec beaucoup plus de sérénité et de transparence ?
Lélu de lorganisation politique «Repons Peyizan » figurera dans la liste des «hommes politiques ou chefs détat haïtien» qui doivent rendre compte à la nation haïtienne sil continue de tolérer les corrompus et les corrupteurs dans la logique de la politique traditionnelle (pou peyi an demare fok yo mare volè abiye yo tou), sil ne cherche pas à restaurer la confiance entre les gouvernés et les gouvernants ou dans les différentes institutions de létat. Le président de la République devrait fournir des explications claires et précises à tous ceux qui lont voté et qui ne lont pas voté aux élections de 2011 sur certains dossiers (lorganisation des élections, la publication du projet damendement, les contrats signés sous ladministration du premier ministre Jean Max Bellerive, recrutement des cadres dans ladministration publique
) sil souhaiterait effectivement avoir leur confiance pour les prochains quatre ans.
Les partis politiques doivent entre temps se renforcer pour quen 2016 on ait une organisation politique solide à la magistrature suprême de létat. Lalternance politique ne doit pas être lapanage dun homme tombé du ciel mais dune équipe ayant un projet de société pour pouvoir constituer une nation haïtienne socialement juste, économiquement libre, et politiquement indépendante. Les politiciens doivent viser lavenir et non pas le présent. John H. GLENN disait que « Jaime mieux aller au-devant de lavenir que dattendre
ce qui arrivera ». Gouverner cest prévoir. Ce nest pas prévoir pour empocher de largent mais pour changer la vie des hommes et des femmes en Haïti. Prévoir comment va-t-on inscrire « la nouvelle Haïti » dans le cerveau de chaque haïtien. Doù la nécessité de léducation civique et lélaboration dun projet de société.
Depuis 25 ans, des hommes et des femmes ont cherché à sunir au peuple pour prendre le pouvoir non pas dans lobjectif de transformer le pays en défendant les intérêts supérieurs de la nation mais en favorisant leurs petits amis à senrichir au détriment de la grande majorité souffrante.
Si en 2012 on est encore à ce stade cest que la classe politique haïtienne doit se ressaisir.